La Normandie va-t-elle se réapproprier sa langue ?

L’Abbaye aux Dames de Caen, siège du Conseil régional et bâtiment emblématique de la Normandie historique

La langue normande est-elle en train de retrouver droit de cité ? Des initiatives et un dialogue avec le Conseil régional vont permettre, au mois de janvier prochain, la tenue d’un colloque sur le normand, point de départ, espérons-le, d’une véritable politique régionale en sa faveur.

Combattu par l’État depuis plus de 200 ans, brocardé par certaines élites, quasi ignoré par l’Université, ravalé au rang de curiosité par la presse, défendu mollement par certains élus et méprisé par les autres, le normand existe pourtant encore en tant que langue vivante, même si le nombre de ceux qui le parlent diminue toujours un peu plus.

Et pourtant la langue normande, avec son vocabulaire spécifique, sa grammaire originale et sa littérature vivace, est bien l’une des principales langues régionales de France. Pourquoi est-elle moins bien traitée que le picard, le gallo ou le breton ? Pourquoi ne bénéficie-t-elle pas de ce soutien que les autorités d’autres régions considèrent comme allant de soi ?

Deux événements intervenus début 2016 semblent avoir changé la donne. Tout d’abord la réunification des deux régions normandes a permis la mise en place d’un pouvoir politique qui peut enfin agir dans le cadre de la Normandie historique. Par ailleurs, les associations, qui sont aujourd’hui les seules à agir pour la défense du normand, se sont réunies pour créer la FALE, la Fédération des Associations pour la Langue normandE.

Première initiative prise par la région en 2016 : chaque lycée de Normandie dispose d’un dictionnaire « Trésor de la langue normande »

Une enquête menée par la FALE sur la pratique du normand a rapidement attiré l’attention du président de la région, Hervé Morin, qui a fait savoir à la fédération qu’il souhaitait travailler avec ses représentants. Plusieurs réunions avec ses collaborateurs ont été suivis d’une rencontre avec le président lui-même qui se montre très volontariste sur le sujet. On peut applaudir à cette attitude qui tranche avec des décennies d’immobilisme institutionnel. À sa demande, la FALE a réalisé aussi un comparatif des politiques menées dans les différentes régions françaises et le résultat est cruel pour notre langue. En effet, les seules actions menées en faveur du normand l’ont été… hors de France ! Il s’agit des mesures prises par les autorités des îles anglo-normandes, à Jersey et à Guernesey, afin de permettre la sauvegarde de la langue locale menacée de disparition.

Le colloque « Parler normand, une expression du patrimoine culturel de la Normandie » se tiendra à l’Abbaye aux Dames, à Caen, siège du Conseil régional de Normandie, le samedi 19 janvier 2019, de 9 h 30 à 12 h 30. Des interventions sur l’histoire de la langue normande, sa pratique, les actions menées dans d’autres régions, seront accompagnées de tables rondes et entrecoupées d’interprétations contées et chantées en normand. À côté des intervenants issus des associations, notons dès maintenant la présence de M. Le Tocq (ministre Guernesey), M. Tadier (député Jersey), M. Engelaere (agence langue picarde) et M. Laîné (Univ. Caen).  Après la clôture de la session par le président Morin, un mini-concert sera assuré par Kit Ashton du groupe Badlabecques de Jersey et probablement Théo Capelle (Cotentin).

Le contenu détaillé de la matinée vous sera présenté dans un article à venir début janvier. Le colloque est ouvert au public, n’hésitez donc pas à venir nombreux, venez avec vos proches, vos amis. Une salle comble sera le meilleur soutien apporté à cette démarche. Ch’est lo que no deit yête chu jou-lo !

Vous pouvez informer de votre intention d’être présent le 19 janvier prochain par l’intermédiaire de la rubrique « Nous contacter » dans la colonne de droite du portail. Cela n’aura pas valeur d’engagement ferme mais aidera à déterminer la taille de la salle nécessaire à la tenue de cette manifestation cruciale pour l’avenir du normand. Soyez-en donc acteur !

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