Une démolition qui pose question

De nombreux Bricquebétais et autres amoureux du patrimoine se sont émus, il y a déjà plusieurs semaines, de la démolition discrète du petit pavillon qui ornait depuis deux siècles l’entrée de l’avenue Matignon. Cet édicule ne manquait pas d’élégance avec sa maçonnerie soignée et ses petits œils-de-bœuf agrémentés de barres en fer forgé. Son usage premier reste mal connu mais sa construction était certainement liée à l’avenue qui était à l’origine une promenade créée par le baron de Bricquebec et qui est aujourd’hui toujours interdite à la circulation des véhicules (cf. La Voix du donjon n° 11).

Certes la fonction qui était la sienne depuis plusieurs décennies n’était pas glorieuse mais, après tout, le prosaïque de la situation était-il dissimulé de manière esthétique, en harmonie avec les maisons voisines. Et il nous semble maintenant que ce petit bâtiment, construit dans un but utilitaire, mais avec soin, aurait pu trouver sa place dans la remise en valeur de l’avenue engagée par la municipalité.

Le fait que sa destruction ait été (de manière surprenante) autorisée par l’architecte des Bâtiments de France ne doit pas permettre de se voiler la face.  L’État ne peut assurer seul la protection du petit patrimoine, même par classement. Il est du rôle de tous, collectivités territoriales, associations et particuliers, d’y contribuer quotidiennement, chacun à notre niveau.

Au fond, l’ancienne manufacture de dentelle de Bricquebec, devenue école et cours complémentaire, démolie en 1982. Au premier plan, le petit pavillon conservé, puis détruit en 2011.

La démolition de ce petit édifice rappelle l’abandon de celui,  plus ancien, qui figurait rue du Docteur Mabire, à proximité du calvaire, et qu’une municipalité précédente avait laissé s’écrouler, faute d’entretien, prétexte pour mieux le raser en 2011. Il s’agissait pourtant du dernier vestige du grand bâtiment où Marie-Thomas-Auguste de Matignon, baron de Bricquebec, installa en 1763 une manufacture de dentelle et la première école de filles. Construction emblématique de la commune, fréquenté par des générations d’écoliers et de collégiens, ce beau bâtiment du XVIIIe siècle a lui aussi connu la pelle des démolisseurs en 1982 (cf. les numéros 8, 40 et 71 de La Voix du donjon sur le collège et les écoles de Bricquebec).

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